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Colloque Euro-Méditerranéen

Publié le
Jan
7

Printemps arabe cinq ans après : Bilan Sécuritaire, Economique et géopolitique. Comment faire face au péril global du terrorisme ?

Le Centre International de Géopolitique et de Prospective Analytique (CIGPA), en partenariat avec ABHATH (Abu Dhabi) et la revue Afrique-Asie, vous invitent au premier  Colloque Euro-Méditerranéen post-révolution

Le samedi 7 mai 2016 à la Sorbonne, de 13h à 18h.28, rue Serpente 75006 Paris. Metro ligne 4 : Saint-Michel, Odéon ; ligne 10 : Cluny ; RER ligne B : Cluny la Sorbonne

Préambule

Depuis le déclenchement du “printemps arabe”, le monde arabo-musulman connait des mutations multiples et profondes qui ont eu des conséquences politiques, sécuritaires, économiques et sociales importantes, ayant induit l’instabilité, l’amplification du terrorisme, la multiplication des organisations extrémistes, l’accroissement des actions violentes qui se sont étendues ces dernières années aux quatre coins du monde. C’est ce phénomène sans précédent que nous voulons décrypter, analyser et expliquer.

L’Europe en général et la France en particulier n’ont pas échappé aux séquelles de ce « printemps arabe » dans le sens où elles ont été la cible d’attaques terroristes et qu’elles ont du faire face à une vague migratoire inédite dans l’histoire contemporaine, sans parler des citoyens européens qui, par le mixage de leur culture leucémique et l’incubateur internet, se sont radicalisés en rejoignant les organisations terroristes qui opèrent dans les zones de tensions (Syrie, Irak, Libye), ce qui a révélé l’existence de cellules terroristes locales, implantées au cœur même de l’Europe.

Si l’on considère l’expérience occidentale, l’on constate que les changements que l’Europe a connu après les guerres de religions -expérience qui a consisté à substituer aux tyrannies et au sous-développement, la démocratie, la liberté et le progrès- sont aux antipodes des expériences des pays du « printemps arabe ». Celles-ci ont généré l’effondrement des économies, l’insécurité, les guerres civiles, les affrontements confessionnelles, le tribalisme, l’extermination des minorités, le déplacement des populations, l’accroissement du terrorisme et l’émigration.

Cette situation précaire, anarchique ou dramatique que connaissent certaines régions arabes, les retombées locales, régionales et internationales de cette nouvelle situation nécessitent par conséquent l’examen profond de ce « printemps arabe », tant du point de vue de ses causes qu’au regard de ses résultats ou de ses effets secondaires et imprévisibles. Un examen profond et sans concession,  afin de déterminer une stratégie de prévention et une thérapie adéquate.

 

Présentation synthétique

Il s’agit du premier colloque académique portant sur les conséquences politiques, géopolitiques, économiques et surtout sécuritaires du séisme provoqué par ce « printemps arabe », aussi bien sur le monde arabo-musulman qui en est l’épicentre que sur l’Afrique et l’Europe, tout particulièrement la France. Comme nous l’avons déjà indiqué, ce dernier pays en a subi la réplique sismique sous deux aspects. Primo, par l’arrivée d’une première vague d’émigrés Maghrébins en 2011, puis, à partir de 2014, par une seconde vague de réfugiés Syriens, Irakiens, Afghans, Africains sans précédent dans l’histoire. Secundo, par l’émergence de terroristes locaux partis faire le djihad en Syrie et en Irak, avant de revenir en faire la démonstration tragique à Paris, en janvier 2015, puis en novembre de la même année, et récemment encore dans la capitale de l’Europe, Bruxelles.

Par son ampleur et sa rapidité, par sa destruction « constructive », par les passions et les ressentiments qu’il a libérés, par l’islamisme radical qu’il a galvanisé, par le terrorisme qu’il a généré, le « printemps arabe » ne pouvait pas ne pas affecter, d’une façon ou d’une autre, la rive nord de la Méditerranée, interface géographique, politique, économique et civilisationnel du monde arabe en général et du Maghreb en particulier.

Dans l’euphorie révolutionnaire et l’accélération frénétique de l’histoire, les penseurs et les vrais spécialistes n’avaient plus grand-chose à dire. Seuls les journalistes, ces historiens de l’instant et « philosophes » de l’immédiateté, avaient droit au chapitre. Dans la précipitation et l’enchantement, ils avaient alors décrit le « printemps arabe » comme le début d’une ère nouvelle, celle de la démocratie arabe, du respect des droits de l’homme, de la liberté d’expression, de la prospérité économique, du vrai dialogue des civilisations et, déjà, de l’islamisme « modéré » !

Près de cinq ans après, si beaucoup de ces journalistes sont revenus de leur illusion, la plupart des penseurs et des hommes politiques, qui ont observé le mutisme en 2011, disposent désormais de suffisamment de recul, de données et de matières pour porter un regard rationnel et critique sur le « printemps arabe ». Autrement dit, d’examiner d’abord cet événement capital du XXIème siècle dans sa causalité intrinsèque, dans ses ferments endogènes, qu’ils soient d’ordre politique, géopolitique, historique, sociologique, moral ou économique. L’étudier ensuite dans ses conséquences engendrées et non guère dans ses espérances suscitées ; l’évaluer et l’expertiser dans ses faits émancipateurs et libérateurs indéniables, comme dans ses effets secondaires redoutables, voir même dans ses méfaits ravageurs, avec la naissance de l’«Etat islamique» qui a éclipsé la sinistre Al-Qaïda.

Tel est le but que se fixent les organisateurs de ce colloque qui réunit les meilleurs spécialistes Arabes et Européens, ayant tous écrit des ouvrages ou des articles sur la question pour examiner, pour la première fois, le « printemps arabe » dans ses conséquences à la fois positives et négatives.  L’examiner sans la nostalgie d’un ordre dictatorial inexorablement révolu, mais avec néanmoins l’ambition d’établir un état des lieux sans concession et sans angélisme. Engager cette réflexion par devoir d’inventaire autant que par nécessité dialectique, la substitution de la démocratie à la dictature, de la liberté au despotisme, du progrès à l’archaïsme, ne se réalisant pas toujours sans régressions et sans périls.

Encore faut-il déceler dans ce « printemps arabe » ce qu’il a charrié comme effets d’agrégations ou indésirables, par rapports aux objectifs et espoirs nés de ces révolutions. Dans le cas du pays qui aurait le mieux réussi sa transition, à savoir la Tunisie, ces effets indésirables sont multiples : le fiasco économique, la paupérisation croissante, le chômage endémique, l’insécurité chronique, la normalisation de l’islamisme dit « modéré » et, surtout, le terrorisme métastatique. Malgré une transition démocratique « réussie », la Tunisie de la modération, de la modernité bourguibienne et du pacifisme est devenue le premier pays exportateur de djihadistes dans le monde. Ce grand paradoxe inquiète les Tunisiens autant qu’il interpelle la voisine algérienne, ainsi que les pays européens.

Dans le cas des autres pays tel que la Libye, le Yémen, la Syrie ou l’Irak, ces  effets indésirables sont encore plus tragiques : guerres civiles, antagonisme confessionnel, conflits tribaux, déplacement de populations, génocide contre les minorités religieuses, exode massif, catastrophe humanitaire, ruine économique, prolifération du terrorisme…, sans parler de Daech. Les terroristes étaient des individus isolés ou des organisations marginales ; désormais, ils disposent d’un « Etat », avec son territoire en constante extension, son armée, son idéologie, ses réseaux sociaux, sa cinquième colonne en Europe, son économie, ses réserves en pétrole, son drapeau et ses ambitions expansionnistes et totalitaires.

Le continent africain est aussi une victime collatérale de ce « printemps arabe » qui a tourné à l’hiver islamiste. De Tombouctou à Dakar, l’islamisme, qui tissait sa toile depuis longtemps à l’abri des regards et sous l’indifférence des médias, est devenu un péril mortel, aussi bien pour les populations que sur la stabilité des Etats africains qui peinaient déjà à extraire leurs populations du sous-développements. Par où elles passent, ses ramifications terroristes (Boko Haram, AQMI, Al-Shebab, Mujao…) ne laissent derrière elles que ruines et désolation.

Objectifs du colloque 

  • Évaluation de l’expérience du “printemps arabe” du point de vue des causes, des effets et des conséquences.
  • Etude comparative des expériences des pays arabes et recherche sur les rapports entre celles-ci et la poussée de la violence, du sectarisme, de l’effondrement des économies et l’accroissement et de la migration.
  • Nouvelle approche pour sortir de l’anarchie et de la violence et pour réaliser la stabilité et la reconstruction dans ces pays.Exposition aux décideurs politiques, aux ONG, aux instances étatiques, de nouvelles façons de raisonner et d’agir pour affronter la violence et le terrorisme.
  • Constitution d’une base stratégique d’échange culturel pour la sensibilisation sur l’importance d’instaurer la stabilité au Maghreb et au Moyen-Orient en vue de parvenir à une sécurité durable en Europe.
  • Fixation des modes opératoires pour affronter à court et moyen terme les organisations terroristes. Adoption des stratégies culturelles, éducatives et médiatiques efficientes pour éviter à long terme la radicalisation de la jeunesse.
  • Anticipations des impondérables dans les décisions de politique intérieure et extérieure.

Problématique et enjeux 

De même que pour prescrire la bonne thérapie, il faut au préalable établir le bon diagnostic, il convient de désigner ces différents fléaux pour se donner les moyens adéquats de les éradiquer. Depuis 1789, toutes les révolutions historiques ont dû, à un certain moment de leur évolution, établir un bilan autocritique pour rectifier leur trajectoire. Les « révolutions » arabes ne font pas exception à la règle. La Tunisie et l’Egypte, chacune à sa façon, ont d’ailleurs dû se plier aux exigences de cette « loi » dialectique des révolutions. Mais laquelle des deux expériences, la tunisienne ou l’égyptienne, mériterait-elle le statut de paradigme ? Laquelle des deux serait-elle le bon laboratoire à suivre et à soutenir par le monde occidental, celle qui a décrété les Frères musulmans organisation terroriste (Egypte), ou celle qui en a fait l’acteur majeur de la vie politique (Tunisie) ?

Outre le retour sur les causes objectives de l’irruption brutale du « printemps arabe », notre colloque consiste  précisément à répondre à ce type de questionnement. Les objectifs de cette rencontre sont par conséquent à la fois heuristiques, stratégiques et éminemment politiques. Intellectuels, journalistes, géopoliticiens, politologues, sociologues, spécialistes, diplomates et hommes politiques se réunissent à la Sorbonne pour parler des acquis et des défis du « printemps arabe » cinq années après son irruption dans l’histoire. Il leur appartient, chacun dans sa discipline propre, ou selon son expérience et témoignage, d’apporter sa pierre à un édifice encore fragile : l’émergence d’Etats de droit et de régimes démocratiques stables, capables d’assurer la liberté de chacun dans la sécurité de tous, tout en relevant trois défis majeures : la lutte contre le terrorisme, le redressement économique et l’établissement d’un partenariat stratégique avec l’Europe et la Russie.

Même si le phénomène s’enracine dans des causes historiques, politiques, culturelles, sociologiques, anthropologiques et religieuses aussi complexes que profondes, c’est précisément la misère économique et sociale qui constitue le principal terreau du fanatisme religieux et du terrorisme islamiste. C’est la cruauté du chômage qui met en marge de la société des milliers et même des millions d’individus, notamment des diplômés, et qui fait de ces jeunes désœuvrés et sans horizon, des proies faciles aux organisations terroristes.

Si les Etats légaux ne recrutent plus chez eux, chez « l’Etat islamique », c’est le plein emploi, avec à la clé la promesse du paradis dans l’au-delà ! Si la vie n’offre aucun sens existentiel à ces jeunes, c’est dans la mort et le martyr qu’ils finissent par le trouver. Donner sens à la vie en se donnant la mort ! Pis encore, en l’infligeant aux autres par des attentats aussi lâches que barbares. Tant que cette misère sociale perdurera et tant que la fracture économique entre le nord et le sud persistera, le terrorisme menacera. Et si, tôt ou tard, l’Europe finira par vaincre ce fléau, comment parviendrait-elle à endiguer le déferlement des milliers de migrants clandestins Arabes, Afghans et Africains qui s’échouent quotidiennement sur ses rives méditerranéennes ? Certainement pas en comptant exclusivement sur la collaboration « loyale » et « amicale » de la Turquie !

D’où le devoir éthique et l’intérêt stratégique du monde occidental de soutenir économiquement certains pays du « printemps arabe », ainsi que les pays africains en butte au terrorisme islamiste. Il y va de la crédibilité des Etats européens, comme de la sécurité et de la paix civile de l’Union européenne, qui compte 16 millions de musulmans, avec un total de 32 millions sur l’ensemble du continent européen.

C’est pour dire que le terrorisme islamiste est une menace globale, pesant sur le monde arabe, sur l’Afrique, sur l’Europe, sur l’Amérique, sur l’Asie, sur la Russie…, qu’il faudrait savoir traiter de manière résolument sécuritaire, mais aussi dans ses causes multidimensionnelles : économiques, sociales, politiques, culturelles et géopolitiques. C’est que le terrorisme islamiste n’a pas que des causes économiques et sociales comme on le dit souvent. Il procède aussi d’une culture, d’une psychologie et d’une religion qui n’a pas encore fait son propre aggiornamento et qui doit relever le défi des Lumières contre l’obscurantisme. D’où l’importance cruciale de distinguer l’islam politique de l’islam quiétiste, ou plus précisément encore, l’islamisme idéologique de l’islam spirituel.

C’est dans la vocation même de ce colloque de proposer  aux différents protagonistes (Etats, sociétés civiles, ONG, instances internationales, décideurs financiers, agents économiques, entrepreneurs, investisseurs, sécuritaires…) des stratégies communes et des pistes de réflexion.

C’est en tout cas le challenge que les membres du Centre International de Géopolitique et de Prospective Analytique  () escomptent relever en organisant ce colloque et en faisant échanger et dialoguer, pour la première fois, des responsables politiques et des spécialistes Arabes, Africains et Européens.

Immédiatement après sa tenue, le 7 mai 2016, ce colloque fera l’objet, en octobre 2016, d’une publication en français et en arabe, sous le titre de « Le printemps arabe : des acquis aux défis ».

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